L’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner. Albert Camus
Bonne année cruciale.
2024… parait s’annoncer comme une année décisive dans l’évolution de notre profession.
Tout d’abord, je souhaite vous remercier pour tout le travail que vous avez accompli dans l’intérêt des patients en 2023.
Malgré les difficultés démographiques et la charge de travail considérable que chacun d’entre vous a assumé, vous avez permis à notre système de santé de tenir.
Une évolution majeure du système est en route et on voit se profiler tous les écueils qu’il va falloir surmonter lors de la négociation conventionnelle en cours mais la lettre de cadrage du ministère nous laisse espérer une prise de conscience de l’indispensable valorisation des actes médicaux pour améliorer l’accès aux soins.
Espérons que le changement de ministre ne remettra pas en question cet objectif.
Le système hospitalier en tension s’appuie sur l’énergie des confrères qui me témoignent régulièrement de leur surcharge. J’en suis conscient et admire leur dévouement.
Cette démographie qui devrait être notre force, devient notre point faible, puisque notre surmenage ne nous permet plus de garantir un accès aux soins pour tous et que de toute part certains proposent de se substituer au médecin, peu important à leurs yeux, la qualité des soins ou la responsabilité professionnelle.
A une délégation de tâches sous la coordination du médecin on nous oppose une autonomie professionnelle et on constate déjà que plusieurs champs de notre activité sont d’ores et déjà pris en charge par d’autres professionnels.
Nous restons sur cette ligne de crête et continuerons à affirmer que le diagnostic est la spécificité du médecin qui seul en a la formation et qu’il n’est pas imaginable de transférer cette mission.
Au milieu de cette tempête, où l’on met en jeu la place centrale du médecin, nous voyons apparaître également des changements majeurs.
Ainsi est-il de la financiarisation de la santé avec l’apparition d’investisseurs, prenant le contrôle de certaines spécialités comme cela est déjà le cas depuis longtemps pour la biologie, et l’on voit, ces financiers s’intéresser et proposer des contrats léonins aux radiologues, aux anatomopathologistes, aux ophtalmologues et même des propositions pour les cabinets de médecine générale !
Nous mettons en garde les confrères sur cette perte d’indépendance professionnelle.
Le paysage médical impacté par la télémédecine et demain par l’intelligence artificielle est en pleine mouvance. Et, là aussi, nous devons être vigilants sur le bon usage de la télémédecine, l’examen en présentiel d’un malade restant quand même fondamental pour une prise en charge qualitative et nous devons nous inquiéter de la multiplication des offres de téléconsultation en dehors de toute territorialité.
Les télécabines qui fleurissent dans les pharmacies, dans les centres commerciaux, dans les gares sont préoccupantes.
L’ordre national et bien sûr, l’ordre départemental dans lesquels j’ai l’honneur de vous représenter veille à maintenir cette qualité de soins et cette indépendance professionnelle, facteur indispensable dans l’intérêt des patients.
L’ordre, s’est également investi dans la lutte contre les violences intra familiales et celles dont sont victimes les soignants.
En 2024 nous poursuivrons cet engagement face à ces situations intolérables. De plus la protection des médecins qui signale des évènements de cette nature doit être une priorité.
Enfin, devons réfléchir aux évolutions professionnelles et faciliter des réorientations pour les confrères qui souhaiteraient modifier leur activité initiale, nous avons demandé au ministère d’accompagner cette démarche.
De nouvelles élections ordinales auront lieu au mois de mars et nous vous invitons à poser votre candidature pour renforcer l’équipe et y apporter vos valeurs.
Malgré cette description que certains verront pessimiste, je reste convaincu, à l’heure où je cesse mon activité en cabinet, que notre métier reste fantastique et que notre rôle dans la société est incontournable.
Retrouvons l’estime de notre profession et par notre solidarité, quel que soit notre mode d’exercice, hospitalier, libéral ou salarié, continuons à porter les valeurs que notre code de déontologie nous transmet.
Je vous souhaite ainsi qu’à vos familles une bonne et heureuse année 2024.
Bien confraternellement
Dr René Pierre LABARRIERE
Président du CDOM 74
Conseiller National de l’Ordre des Médecins
Président de la Section exercice professionnel